Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Je m'étais levée tard ce matin. Comme la plupart des jours en fait. Même si ce jour allait être très différent que d'habitude. C'était le jour où printaniers allaient affronter le courroux des autres clans. Je me demandais si ils pensaient vraiment avoir une chance à un contre trois même avec la saison de leur côté. C'est vrai quoi ! Faut être réaliste ! C'est pas parce qu'il y a dix loups sanguinaires chez les printaniers que ça va faire la différence. Je reportais mon attention devant moi. Les automnaux qui commençaient à s'agiter et à se préparer pour le combat. Et pourquoi je ne faisais pas de même ? Hé bah parce que j'estime n'avoir besoin d'aucune préparation pour tuer. De plus, Ypso avait donné ses ordres et je devais me trouver en dernière ligne en compagnie de Laska et des autres tueurs hivernaux. Parce que nous avions plus de discernement et d'expérience en tuerie que les soldats ou les veilleurs. Nous nous mîmes donc en marche, j'avoue avoir volé de temps en temps histoire de pas trop me fatiguer  mais bon, tant qu'à avoir des ailes, autant les utiliser.   Maintenant, nous foulions le terrain de combat et tous les clans étaient présents. Les odeurs se mélangeaient avec le sang. Le combat faisait rage et pourtant, le soleil brillait dans le ciel. Dans ces circonstances, j'aurais plutôt vu des nuages sombres et du tonnerre mais je contrôle pas la météo. Akisa, Meneldil, Oxymore et Moune étaient là. Je dévisageais ces derniers, en fait je les avais jamais vu en vrai alors autant en profiter. Le loup noir était plus imposant que ce que je pensais mais aussi fou que je l'avais imaginé. Quant à Moune, hé beeenn, je l'imaginais plus jeune. Ceci dit, l'âge ne fait pas tout. Quant à Meneldil, elle avait l'air aussi froide qu'on la décrivait. Et je trouvais Akisa plus expérimentée que ce que l'on m'avait décrit. En fait, les loups disaient souvent qu'elle était trop jeune et peu qualifiée pour ce poste. Oxymore devait sûrement miser sur ça pour vaincre l'été mais il allait devoir changer ses plans. Plans que je trouvais nuls et sans aucune imagination. Bref, c'est l'heure de se battre alors je déploie mes ailes, faisait jaillir des pics de la terre qui transperçaient les loups adverses. Et là, pendant que je trouais quelques corps sans défense, j'aperçus une forme familière. Kérès, mon cher frère. Un sourire se dessina sur mes babines et je fonçait vers lui. J'écartais gentiment les loups "alliés" pour me retrouver face à face avec lui.


- Tiens donc, mon cher frère. On se voit souvent ces temps-ci. Je vais avoir l'occasion de voir ce que tu vaux au combat.


Je ne me faisais pas d'illusion. Je sais que nous sommes de force égale, je ne le sous-estimerais jamais. Etant mon frère, il doit bien réussir en quelque part et je sais que le combat est fait pour lui et qu'il est fait pour le combat. Il faisait parti des loups sanguinaires auxquels je pensais auparavant. Le sang devait être une drogue pour lui. Il avait évolué depuis qu'il était petit, il était passé de tuer son frère accidentellement à tuer des loups volontairement et pour son bon plaisir. Je vais pas non plus faire de commentaire vu que j'étais moi-même devenue une tueuse. Je ris doucement, un de ces rires qui l'horripilent. Le combat allait commencer.

Je tournais autour de mon frère mais ce dernier avait l'air sur ses gardes. En fait, au lieu d'attaquer, j'avais décidé d'attendre sur la défensive. Je voulais voir quelle technique allait-il utiliser pour tromper ma garde, foncer comme une brute épaisse ou utiliser une attaque plus stratégique ? J'aurais plutôt penché pour la première solution mais qui sait, peut-être mon grand-frère possédait-il quelques ressources inattendues. Les loups se battaient autour de nous, printaniers se mêlaient aux estivaux, hivernaux et automnaux. Les combats étaient si rapides et féroces qu'il aurait fallu un œil d'expert pour distinguer les alliés des ennemis. Un oeil de tueur plus précisément. Mes yeux quoi. Hé bah oui, je distinguais chaque printaniers des autres même si c'était plus facile du côté des automnaux, que je connaissait mieux. J'eus un bref moment d'inquiétude en pensant à Liya mais elle devait être plus loin car je ne la distinguais pas dans la cohue, j'espérais tout de même qu'elle s'en sortait bien. Mais peut-être était-elle restée en territoire automnal ? En fait j'en savais trop rien et je la bannissais de mes pensées. C'est pas vraiment le moment d'être détournée par autre chose. Je plongeais mes yeux vairons dans ceux de mon frère et mon sourire devint narquois.

- Te serais-tu ramolli Kérès ? Ta férocité faiblirait-elle ?

Je devais le connaître moins bien que ce que je pensais, car dans mon esprit, c'était clair qu'il aurait attaqué sans hésiter, essayant de me mordre à la gorge en essayant de faire couler le plus de mon joli sang. Bah, si on s'en sortait, on aurait sûrement le temps de mieux se connaître. Je ris intérieurement, quelle pensée futile ! Nous étions trop éloignés pour pouvoir reconstruire quoi que ce soit ensemble. Pourtant, en mon for intérieur, j'aurais bien aimé avoir un frère sur qui compter mais Kérès était trop éloigné de ce modèle. Pas la peine de se lamenter sur soi-même, la vie l'avait façonné de façon à ce que les qualités d'attentionné et de doux ne l'atteignent pas. Pas que j'aime les loups mous mais habituellement c'est ce que sont les frères. Je poussais un discret soupir, ce n'est pas en ayant ces pensées mielleuses que j'allais faire avancer les choses et de toute manière, doux ou pas, un loup ennuyeux restait un loup ennuyeux.

HS:

Kérès n'avait pas non plus attaquer mais il devait penser que ça aurait été moi alors on en était au point mort. Raaah, ça m'énervait parce que si nous faisions les mêmes mouvements, c'est parce que nous nous ressemblions plus dans notre façon de penser que nous le prétendions. J'allais parler quand il me coupa l'herbe sous la patte.

- Comment ça va depuis le temps ?

Taper la discute en plein combat, faut croire que c'était le style de la maison. Encore une ressemblance. Pourtant extérieurement nous sommes si différents : je suis bleue gris et ailée, lui marron-gris, j'ai de jolis accessoires pendant que lui privilégie la force brute. Je suis une chieuse née et lui aussi bien que nous ne nous y prenions sûrement pas de la même façon : moi tout en finesse et lui en inspirant la peur.

- Tu n'imagines même pas mes journées ! Quant à toi, tu as sans doute fais peur à quelques mauviettes qui passaient dans le coin ?

J'eus de nouveau une pensée pour Liya, grâce à qui je maîtrisais beaucoup mieux l'art du vol et à toutes les rencontres excitantes que j'avais pu faire ces derniers jours. Il faut avouer que depuis que je suis devenue une automnale, la vie est meilleure et j'ai l'impression de revivre, de découvrir chaque choses de nouvelles choses, de nouveaux loups. J'étais à peine sortie de mes pensées que mon frère s'élança et - il faut un mal pour un bien - je me laissait mordre pour mieux attaquer. En effet dès qu'il fut près de moi, j'activais mon pouvoir de séduction.

- Tu vas me lâcher et ne plus bouger maintenant ♥

Ma voix avait pris un accent irrésistible est il était impossible maintenant pour lui de bouger. Je m'approchais alors de lui en souriant avec un air provocateur. J'allais activer mon autre pouvoir pendant qu'il ne bougeait plus, cependant, après avoir lancé cette attaque, il pourrait bouger car pour le moment, utiliser mes deux pouvoirs en même temps allait être trop compliqué. Un bras de terre sortit de la terre former une lame très dure autour de ma patte, patte qui ne tarda pas à fondre sur Kérès et à lui griffer profondément le flanc. Suite à ça, je sentis qu'il pouvait se libérer de mes paroles envoûtantes alors je pris une distance de sécurité. Pour le moment j'avais l'avantage mais il n'y avais aucun doute sur le fait qu'il aurait la rage et que l'envie de se venger de sa petite sœur chérie n'en serait que renforcer.

La rage que je lisais sur le visage de mon frère m'apportait une bonne dose de satisfaction, même si cela ne constituait pas un exploit. Cette même rage l'amena à me bondir dessus, son poids était écrasant mais il eut à peine le temps de me mordre l'échine que je le chassais de mon dos d'un grand coup d'ailes. Je le dévisageais d'un air surpris, il n'avait rien trouvé de mieux que d'essayer de la faire tomber avec ses papattes ? J'avoue avoir un instant chancelé devant le poids qu'il représentait, j'avais fléchis mais mes aptitudes de tueuse avaient vite repris le dessus et à part le filet de sang qui coulait et qui ne me causait d'une légère douleur, j'étais en pleine forme. Il était donc temps de contre-attaquer. Je bondis et lui fauchais les pattes pour ensuite lui mordre sauvagement l'épaule. Je revins à une distance raisonnable de lui pour avoir une chance de contrer une attaque qui pourrait être brutale. En ce moment, les mots n'avaient plus leur place et le combat avait exigé notre entière concentration, l'un voulant absolument montrer sa domination sur l'autre. Et c'était moi, Shaé, qui était en position avantageuse : je n'avais hérité que de quelques morsures insignifiantes tandis que le sang coulait de la plaie profonde que j'avais ouverte dans son flanc et la morsure que je venais de faire l'affaiblissait. Dans ma tête, il n'y avait que deux possibilités : je pouvais éviter ses coups en esquivant avec agilité, volant et dansant pour le fatiguer ou résister à ses attaques qui pourraient être violentes et attendre le bon moment pour attaquer et lui causait d'autres blessures. La tension disparaissait de mon corps au fur et à mesure que ces possibilités venaient à moi. Dans aucune des deux, l'idée de perdre m'étais venue à l'esprit. Je me décidais à prendre la parole, afin de le pousser à bout ou alors de pimenter encore ce joli combat.

Je savais pertinemment qu'il n'abandonnerait jamais et je ne pouvais que reconnaître ses talents de guerrier : un autre serait déjà mort face à moi et la blessure au flanc que je lui avait infligée aurait tué un autre adversaire. Pour tout vous dire, j'étais assez fière de lui. Au moins ne salirait-il pas l'honneur de la famille, autrement dit le mien. Bien que pour l'instant, personne n'était au courant de notre lien familial, nous n'étions pour eux que de simples loups qui se battaient pour leurs vies. Peut-être certains se diraient-ils qu'une quelconque dispute liée à une mauvaise rencontre était liée à la hargne avec laquelle nous nous battions mais une chose est sûre, aucun d'entre eux n'aurait pu deviner la vérité sauf un très bon observateur qui aurait pu repérer quelques ressemblance comme la couleur de ses yeux et la couleur de mon œil droit. Je reportais mon attention sur mon frère, une pointe d'ironie dans le regard.