Nouveaux lieux, nouveaux clans et nouvelles espèces. A vous de vivre ... Ou de survivre !

Kileen se dressa sur ses pattes arrières, les pattes posées sur l'écorce.
- Alleeeeez ! Reviens petit écureuil, j'ai juste envie de jouer ! Reviiiieeeens !
La loupiote, par agacement, martela l'arbre de coups avant de plonger ses crocs dans le bois tendre. Elle eut un jappement lorsque sa gueule cogna brutalement contre la texture lisse.
La petite retomba sur ses pattes, passant sa langue sur son museau avec une expression de douleur. Mais ce n'était pas vraiment le fait de s'être lamentablement pris l'arbre qui la dérangeait, non, c'est que ce satané écureuil ait osé lui filer entre les pattes ! Avec un grognement vexé, Kileen s'éloigna de l'arbre, tentant de garder la tête haute. Oh non, ce n'est pas un stupide rongeur qui lui ferait perdre ses moyens. Tant pis pour sa pomme, s'il ne veut pas jouer ! La loupiote se détourna bientôt de sa proie, ayant subitement oublié sa rancune.
Et pour cause, le spectacle qui se jouait sous ses yeux valaient mieux que n'importe quel misérable écureuil. Une immense arbre se dressait devant elle, ses feuilles formant comme une longue chevelure pendant vers le sol. Kileen l'admira, tantôt fascinée, tantôt baignant dans l'incompréhension. Hé bien ? Cet arbre portait son feuillage d'une manière bien étrange, et la pauvre loupiote, dans son incertitude, ignorait que le saule pleureur avait été nommé ainsi pour une bien piètre raison, quoique évidente.  L'estivale s'approcha, et franchit la barrière que formaient les feuilles. Effectuant quelques sauts, elle leva les yeux vers la cime de l'arbre, qu'évidemment, elle ne pouvait pas voir.
- Dites, monsieur l'arbre, pourquoi vous portez vos feuilles ainsi ? C'est le vent qui vous a fait ça ? Ou alors vous êtes tristes et vous avez les oreilles pendantes ?
Si un loup avait pu entendre ses paroles, peut-être aurait-il cru à une profonde stupidité. A vrai dire, ça n'en était pas. Le seul mot capable de nommer une telle réaction était, tout bonnement, l'ignorance. La jeune enfant ne s'aventurait que peu en dehors de son territoire, et cleui ci n'étant pas marécageux, il était rare d'y rencontrer des plantes de cette espèce. La petite louve contourna le tronc, explorant chaque fissure de l'abre et scrutant les moindres détails. Puis, rapidement lassée, elle se coucha confortablement et ferma les yeux un instant, profitant de la douce chaleur des terres neutres. C'était un climat qu'elle appréciait, sans pour autant le préférer à celui de son territoire d'origine. L'Eté valait mieux que chaque saison ! On aurait pu croire à une forme d'arrogance, mais Kileen n'y pouvait rien. Les loups de sa patrie lui avaient enseigné ces mots dès sa plus jeune enfance, et elle n'en connaissait pas d'autres pour qualifier son clan.
Lorsque Kileen put enfin percevoir l'odeur du loup hivernal, elle ignorait encore que, lui, pourrait lui apprendre d'autres mots pour nommer sa tribu.

Elle l'avait entendu. Sa fine ouïe de tueuse ne pouvait être trompée par un loup aussi balourd que celui qui se tenait devant elle. C'est vrai, il lui aurait été plus facile de grimper dans l'immense arbre, ainsi l'effet de surprise aurait été plus grand, mais peu importe. Dans un demi sommeil, Kileen bandit ses muscles et se prépara à bondir. Elle n'y voyait qu'à moitié, un flou causé par la fatigue voilant ses paupières. Qu'est-ce que cette chose qui se dressait devant elle ? C'était brun et blanc, c'était gros et ça sentait l'humidité. Kileen retourna les possibilités sur sa réelle identité avant d'arriver à une conclusion qui lui paraissait plausible. Vraiment plausible. Un écureuil. C'était ça. Un gros écureuil. Un ENORME écureuil !
La loupiote se passa la langue sur les babines avant d'avoir un petit sourire de contentement. Ahah, l'animal croyait lui échapper une deuxième fois ? C'était raté, la p'tite bête ! ... Non, la grosse bête. Se préparant à sauter sur l'imposant rongeur, l'estivale dévoila des crocs étincelants. Puis, s'élançant d'une impulsion puissante, la petite atterrit sur le dos de ce qu'elle présumait être un rongeur. Elle saisit une touffe de poil de l'énorme écureuil dans sa gueule, mâchonnant l'épaisse fourrure comme elle le pouvait. Coriace, la bestiole ! Hors de question, cependant, qu'elle lâche prise. Elle tenait sa proie, et ne l'abandonnerait pas de si tôt !
La loupiote en vint au coup de pattes, dont elle martela le dos de l'immense rongeur. Peu à peu, la buée qui voilait ses yeux se leva, et elle put enfin toiser sa proie. Ouais. D'accord. Elle avait gaffé. Un long museau, de grosses pattes, une truffe imposante. C'était pas un écureuil. C'était une musaraigne !
Inutile de préciser que, lorsque l'hivernal lui ferait savoir qu'il n'appartenait en aucun cas à la famille des rongeurs, elle serait profondément déçue. Mais, après tout, elle s'amusait si bien ! Pourquoi gâcher les plaisirs d'un enfant ?
La petite Kileen mordilla ensuite la queue du grand loup - qu'elle prenait pour une musaraigne, mais peu importe -, les yeux flamboyants.
- Tu croyais t'en sortir, p'tite musaraiiiigne ? Hé bah c'est ratéééé !
Elle ne devait pas lui faire bien mal, mais l'agacer, ça, elle devait y réussir.