Histoire

Lorsqu'il naquit, Sullivan fut accueilli par ses parents comme un véritable petit miracle. Il naquit en plein coeur des terres d'un immense clan : les Logarius ; durant un hiver long et rude. De sa portée, il fut le seul à survivre. Le seul héritier de la Reine. Pourtant, celle-ci n'avait pas qu'un fils ; mais était son seul qui soit légitime. Sa naissance devait permettre de faire perdurer la paix au sein de la large famille qui dirigeait le clan Logarius. De ce fait, Sullivan fut sur-protégé dès sa naissance et confié à des nourrices triées sur le volet, supervisées par la Reine-mère. Celle-ci s'assura toujours que l'éducation de Sullivan suivait les directives qu'elle avait imposées et bien qu'elle ne fut pas très à même de lui témoigner de l'affection, elle continuait de le suivre de loin.

Après sa naissance, dès que ses yeux purent s'ouvrir, le visage de Sullivan commença d'être masqué. Il n'a aucun souvenir visuel, excepté celui de sa douce maman, appliquant un bandage sur ses yeux. Cela était un rituel douloureux pour la mère, mais elle croyait en des traditions qu'elle n'aurait pu bafouer sans semer la discorde dans ses propres rangs. Elle y était obligée. Chaque héritier était passé là avant lui et elle se consolait en s'assurant que peu d'entre eux en avaient gardé des séquelles graves. Ce n'est que lorsqu'il commença à grandir que les simples bandages furent remplacés par un casque d'or, unique en son genre, au bout en forme de bec-fin, gravé d'enluminures. Le casque n'avait pas été taillé spécialement pour le jeune Sullivan. La relique était unique, transférée de génération en génération à chaque nouvel héritier. Sullivan n'était que l'un d'eux, suivant l'inévitable plan qui avait été tracé pour sa personne.

Isolé du monde visible, mais aussi de ses congénères, Sullivan grandit seul. L'enfant s'inventa moult amis imaginaires qui n'étaient que de simples bruits dans sa tête, ou des odeurs. Les seuls loups qu'il était autorisé à côtoyer étaient ses nourrices et ses parents. Parfois, à de rares occasions, son oncle le plus jeune et à l'odeur particulière venait lui rendre visite, bien qu'il n'en ait ni le privilège, ni le droit. Cette éducation, coupée de tout, lui causa bien des tares, mais ne fit pas de l'enfant un concentré de rancune et de haine ; bien au contraire. Le jeune Sullivan savait que sa vie ne s'arrêterait pas à son enfance protégée.

Le plus grand danger qui pesait sur Sullivan durant son enfance était sa propre famille. Il avait compris que sa naissance, au lieu de raffermir le sentiment de paix, avait fait éclater des dissidences au sein de la famille royale. De fait, il apprit plus tard que ses oncles et tantes, frères et sœurs de sa mère, ne voyaient pas du tout sa naissance d'un bon œil, et même, souhaitaient volontiers l'éliminer. La naissance d'un héritier signifiait pour les frères et sœurs de la Reine, selon les lois qui régissaient le clan ; qu'ils étaient déchus à jamais de leur titre de Princes et Princesses et par suite logique, de toute possibilité d'accès au trône. La loi avait toujours régi ainsi le clan; mais jamais ce dernier ne s'était retrouvé avec près de dix héritiers potentiels à la couronne. La mère de Sullivan savait qu'on avait tué avant qu'elle naisse, l'héritier initial de la couronne qu'elle portait aujourd'hui et la louve craignait que son seul fils ne subisse un tel destin.

Malgré ses précautions et sa protection, la Reine ne put empêcher l'inévitable d'arriver. Alors qu'il n'était encore âgé que de quelques lunes, un des princes déchus de la couronne vint à tenter d'assassiner le petit Sullivan encore sans défense. Le loup ne sut jamais qui avait attenté à sa vie, car il ne reconnut ni sa voix, ni son odeur et sa mère, lorsqu'elle le trouva à temps pour sauver la vie de son fils, ne dévoila jamais l'identité de son assaillant. L'enfant prit alors conscience du danger qui l'entourait. S'il avait la vie sauve, l'attaquant avait eu le temps de lui broyer les os d'une de ses pattes avant. Il dut accepter, jeune, qu'il ne marcherait plus jamais correctement malgré tout le soin qu'on tenta d'apporter à sa blessure. La reine-mère, voyant le contrôle qu'elle avait quant à la protection de son fils lui échapper, se sentit forcée de prendre des mesures drastiques afin de protéger son seul héritier.


C'était avec un sentiment d'urgence que la Reine noire des Logarius avait invoqué le conseil des anciens monarques. Le sortilège était archaïque et la jeune louve noire n'était pas reine depuis assez longtemps pour le maîtriser ; elle avait dû, humiliée, mais pressée par le temps, demander l'aide de l'ancien Roi, encore en vie, pour convoquer les esprits de leurs ancêtres. Lorsque ses yeux verts s'ouvrirent, ce fut sur une étendue d'eau rouge sur laquelle son esprit semblait pouvoir flotter. Elle ne semblait avoir pour seule limite que l'étendue de son champ de vision. Dans cette mer de sang, la lune se reflétait, habillée de noire pour cette occasion. Seuls, elle et l'ancien Roi se tenaient là pour le moment, attendant leurs homologues du passé. Le cœur serré, la louve noire coula son regard chagriné vers l'autre loup, trouvant un réconfort improbable dans son pelage gris sombre couvrant un corps robuste et couturé de cicatrices. Lui était calme, mais la louve savait que cela était plus par indifférence que par stoïcisme. Avant que la jeune ne puisse interroger son aîné, plusieurs ombres surgirent, comme émergeant de l'onde rouge. Des rois et reines les moins anciens, on pouvait encore discerner clairement le visage et certaines parties du corps. Les autres n'étaient que des spectres translucides auxquels on attribuait qu'une vague expression faciale. Ils semblaient tous la juger, devenus plus sages dans la mort qu'ils ne l'étaient de leur vivant. Ce fut pourtant le moins ancien d'entre tous qui s'exprima le premier, s'adressant à la Reine sans préambule ni ambages. Dans la dureté de son ton, on sentait l'amertume encore trop fraîche d'avoir perdu le pouvoir et la vie :

« L'enfant doit partir, Eileen. Il ne survivra pas, s'il reste avec toi.»

Le souffle de la louve noire s'arrêta un instant, digérant la critique que sous-entendait ses paroles. C'est avec impassibilité qu'elle plongea ses yeux dans ceux du roi qui avait parlé, leurs regards identiquement bordés de rouge. De son vivant, jamais elle n'aurait jamais osé affronter les immenses bois de cerfs noirs qui paraient sa tête.

« Nous n'avons jamais procédé ainsi auparavant. Avança à son tour la reine noire.

- Nous n'avions jamais fait face à une telle situation, s'éleva une autre voix plus ancienne. Tous les héritiers savaient ce que représentait la naissance de l'enfant pour leur rang, tous ne sont pas prêts à voir la couronne s'éloigner à jamais d'eux et ils ont déjà commencé à agir ! Acheva la voix, sifflante de colère.

« Ce n'est qu'une patte cassée, Sullivan n'en mourra pas, rétorqua la reine. Qui sait à quels dangers nous l'exposerions en l'envoyant hors de nos terres ! Sullivan est mon seul fils légitime, je ne peux pas le perdre. »

Plusieurs voix s'élevèrent alors, exprimant leurs inquiétudes et leurs désaccords sans se soucier plus longtemps de l'avis de l'actuelle reine. Ils l'exclurent du débat de longues minutes, sans que la louve noire ne puisse rien contrôler de la situation. Puis, un murmure unanime se forma et après que chacun des spectres ait hoché la tête, une seule d'entre eux s'approcha d'Eileen. C'était l'une des seules à ne posséder ni cornes, ni sclérotique rouge. Les traits de son visage étaient encore visibles malgré son air fantomatique et elle respirait une aura de douceur que sa mort ne saurait faire oublier. Elle s'exprima sans l'animosité ni la sévérité des autres monarques :

« Une fois qu'il sera en âge de se débrouiller, Sullivan devra partir, pour sa propre sécurité. Il ne reviendra que lorsque la situation des neufs autres héritiers encore connu sera sous contrôle ; lorsque le trône sera prêt à l'accueillir. Tous les fantômes du passé approuvèrent son langage et elle put achever, faisant disparaître avec elle les ombres des anciens dirigeants. Ainsi en ont décidé les Logarius. »

Certes, Sullivan aurait pu être impacté par cette décision, mais il ne trouva pas la force de s'en sentir peiné. Il avait appris à craindre sa famille, cependant, grâce à la soif de pouvoir qui les habitait, l'enfant cloîtré avait gagné la liberté : le droit d'explorer le monde sans autre restriction que son regard, le droit de vivre, véritablement et sans perdre son rang. Une fois qu'il fut grand et robuste ainsi qu'il se devait de l'être, l'héritier dissident et boiteux, tel qu'on le surnommait, ne put que plonger les yeux fermés dans cette aventure.

Relations

Olivier/Viehrs - Oncle : Son oncle direct, frère de sa mère. Viehrs était enfant lorsque Sullivan est né et il en a toujours été jaloux car sa mère l'élevait plus lui qu'elle n'élevait son propre fils. Ils ne se connaissent pas véritablement mais Sullivan n'est pas particulièrement méfiant à son égard car à la différence de tous ses autres oncles et tantes, il devrait avoir moins de raison de vouloir sa mort ( c'est faux.). Viehrs étant un exilé, Sullivan ne lui tient plus le même respect que lorsqu'il faisait partie du clan. Viehrs fait partie des seuls à avoir déjà vu le visage de Sullivan. Sullivan est souvent confus car s'il reconnaîtrait son oncle entre milles, il ne comprend pas pourquoi les loups d'ici l'appellent Viehrs, et pas par son vrai prénom.

Hékate, Titania, Amaryllis, Asha, Andracée, Dyani et Lysandre - Cousin(e)s à différent degrés : Il n'avait aucune idée de leur existence et de leur parenté avant d'arriver sur Four Seasons et il ignore toujours leur lien de parenté avec chacun et ne les connaît pas individuellement.

Histoire

Au fond, Abasi est l'enfant béni, né avec une cuillère en argent dans la bouche et qui n'a jamais rien eu à connaître d'autre que la douceur d'un foyer et la chaleur d'un clan. L'histoire de ses parents est bien plus intéressante que la sienne et, par la force des choses, a forgé le caractère qu'il a aujourd'hui.

Les deux parents d'Abasi ne sont pas Insulaires de naissance. Ils ont intégrés le clan alors qu'ils étaient adultes et ont dû jouer des coudes pour s'intégrer parmi leurs rangs. Tous les deux viennent d'un clan lointain, dont ils ont gardé le nom et le passent sans honte à leur fils : Al'Mhadriarch. Ce clan s'est trouvé en proie à une guerre terrible et qu'il ne pouvait gagner en aucune circonstance. Sekhmet, mère d'Abasi, était l'une des princesses de ce royaume et elle s'éprit pour un jeune et dévoué prêtre de son clan, Bes. Bien sûr, selon les règles de la hiérarchie, ils n'avaient aucun droit d'être ensemble. Néanmoins, la majorité de l'attention du clan étant porté sur le champ de bataille et sur leurs blessés et morts, de plus en plus nombreux, les deux pouvaient vivre leur amour presque sans se cacher. Ils étaient dévoués à leur clan, chacun par l'importance de leur rang, mais tout ce qu'ils voyaient de cette guerre, c'était son acharnement et son inutilité. Alors que les années s'écoulaient et que les rangs se faisaient maigres au fur et à mesure que les hostilités continuaient, Sekhmet finit par ne voir qu'une seule issue à cette guerre : la capitulation. Aucun de ses pairs ne voulait l'admettre, ni l'entendre, alors que l'évidence sautait aux yeux de quiconque analysait la situation; ils étaient en train de perdre et s'ils ne capitulaient pas, ils mourraient tous et il ne resterait plus rien de leur clan. Sekhmet et Bes ne sauront jamais rien de ce qu'il adviendra finalement de cette guerre, car face au désespoir de leur situation et face au conflit de la royauté, les deux chiens choisirent de quitter leur clan et de fuir, pour se protéger l'un et l'autre.

Un long et tumultueux périple les mena jusqu'au clan des Insulaires où ils décidèrent d'établir leur nouveau foyer. Le clan fonctionnait selon un système de démocratie le plus équitable possible et laissait se mélanger un tas d'espèces que ni l'un ni l'autre n'avaient jamais côtoyés avant dans leurs vies. Les Insulaires et leur fonctionnement harmonieux mais strict, leur semblait constituer un havre de paix pour leur couple qui n'aurait pu prospérer nul part ailleurs. Ici, ils pourraient continuer leur vie, loin du chaos de leur clan d'origine. A force de loyauté et de zèle envers le clan des Insulaires, Sekhmet et Bes se hissèrent peu à peu en haut de la hiérarchie et maintinrent leurs positions. De par sa noblesse et sa droiture, Sekhmet parvint à se faire élire membre du parlement, position qui lui apportait l'honneur et la gloire à laquelle sa lignée de princesse la destinait originellement. Son compagnon, quant à lui, garda le rang de soldat et devint un représentant éminent et respecté de sa faction.

Lorsqu'Abasi naquît, la notoriété de ses parents était au plus haut et les attentes, non seulement de ses géniteurs mais aussi du reste des insulaires qui les connaissaient, furent gravées dans son esprit dès qu'il eut l'âge d'en prendre conscience. Un enfant né dans des conditions idéales et avec des parents connus et respectés ? Il ne pouvait que devenir un membre important et respecté du clan à son tour. Il fut élevé sans qu'on lui cache ses origines. Rien ne servait de lui faire croire qu'il était un Insulaire né d'Insulaires depuis des générations, alors que la gloire de ses parents tenait justement à ce qu'ils aient réussit à se remettre des affres de la guerre et de s'intégrer dans un clan dont ils ne connaissaient rien à l'origine. On lui inculqua la loyauté, le zèle et le respect indéfectible de la hiérarchie. La manière de penser et les différents cultes des Insulaires furent gravés dans son esprit. En clair, tout fut orchestré pour qu'il soit le digne héritier de ses parents. Abasi n'a pas toujours été d'accord avec la philosophie de ses parents, sans qu'il ne puisse pour autant jamais la contester à voix haute. Il n'avait pas le droit de se plaindre, lui qui n'avait ni connu la guerre, ni connu l'exil. Il n'avait pas le droit de contester, lui qui s'était tout vu offert sur un plateau d'argent. Qui était-il pour critiquer ses parents, alors qu'ils faisaient tant pour aider leur clan et qu'ils étaient si respectés ? Abasi fut réduit au silence et à l'obéissance de ses géniteurs.

Plus il grandit, plus il devint distant de ses parents, sans pour autant qu'ils n'arrêtent jamais de suivre son chemin. D'ailleurs, l'affect qu'ils avaient pour leur enfant a toujours été empreint de professionnalisme et de sévérité démesurée. A la fois ses parents et mentors, Abasi n'a jamais cherché à combler le vide affectif qu'il ressentait par la faute de ses géniteurs. Ces derniers ne pouvaient pas influencer directement son chemin, car ils adhéraient à la pensée des insulaires si bien qu'il était inimaginable pour eux de pistonner leur fils pour qu'il accède aux hauts rangs. Il lui fallait faire ses preuves et se montrer digne de sa lignée.

Sekhmet s'est retirée du Parlement avec humilité et droiture, lorsqu'elle est progressivement devenue aveugle et ne pouvait occuper ce rang de manière lucide et éclairée, elle a volontiers et sans contestation laissée sa place à la génération suivante. Son père, lui, occupe toujours le rang de Soldat, après avoir été le mentor de beaucoup de membres du clan des Insulaires. Les regards de ses géniteurs sont désormais tournés sur Abasi et sa génération. Qu'il déshonore la mémoire de ses parents était, pour les autres plus que pour lui, inimaginable.

Relations

Fils unique de Bes Al'Mhadriarch et Sekhmet Al'Mhadriarch (PNJs). Il n'a pas d'autre famille parmi les Insulaires.